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samedi 5 mars 2011

LE GAZ DE LA DÉPOSSESSION...



Une lettre parmi d'autres que le quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières n'a pas voulu publier : le peuple pourrait comprendre certaines choses...

LE GAZ DE LA DÉPOSSESSION ET DE LA DISCORDE


Au moment où nos jovialistes municipaux (à Trois-Rivières) se réjouissent d'accepter des milliers de mètres cubes d'eaux toxique de Talisman, cette compagnie albertaine à laquelle le gouvernement Charest a cédé les droits d'exploitation du gaz de schiste pour une bouchée de pain, on peut prendre connaissance d'un dossier explosif du New York Times sur la pollution de l'eau et de l'air par cette exploitation.
Le Dr Pierre Langlois, spécialiste en énergies, nous signale que le grand quotidien de New York vient de publier, samedi, le 26 février 2011, un dossier percutant sur la contamination de l’eau et de l’air par l’industrie des gaz de schiste, après avoir consulté 30 000 pages de documents internes.
Voici un extrait au début de l’article qui sert d’entrée en matière : « Alors que l'existence de rejets toxiques a déjà été rapportée, des milliers de documents obtenus par le New York Times, de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA), de contrôleurs de l'État et de foreurs, démontrent que les dangers pour l'environnement et la santé sont plus grands qu'on le pensait. »[*]
Par ailleurs, l’enquête dénonce également les multiples problèmes de santé liés à la pollution de l’air par les émanations toxiques en provenance des puits, souvent à 200 ou 300 mètres des maisons. Un vidéo est accessible à partir de la page internet du Times [*].
Comme l'écrit le Dr Langlois : « Que Lucien Bouchard, le nouveau porte parole de l’industrie gazière et pétrolière québécoise et ancien Premier ministre du Québec, ne vienne pas dire que ce sont des réactions émotives résultant de fanatiques écolos !!! Je plains sincèrement les Étatsuniens qui ont servi de cobayes pour cette aventure insensée.»
On sait de plus que sous la pression du gouvernement Charest, Hydro-Québec a aussi cédé, en catimini, les droits d'exploitation du pétrole sur le territoire québécois pour moins que rien à des intérêts privés.
C'est à comparer avec la stratégie de la Norvège, pays cinq fois plus petit que le Québec et moins peuplé, qui a maintenant constitué un fonds pétrolier dont la valeur dépasse actuellement 300 milliards de dollars pour assurer l'avenir des citoyens... [**]
Sincèrement,
    Jean-Luc Dion, ing., D.Sc.
28 février 2011
Titulaire retraité
Dép. de Génie électrique et informatique
UQTR

[*]  «While the existence of the toxic wastes has been reported, thousands of internal documents obtained by The New York Times from the Environmental Protection Agency, state regulators and drillers  show that the dangers  to the environment and  health are greater than previously understood.»

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Un autre document qui éclaire...

Gaz de schiste

Lucien Bouchard, fossoyeur de la société québécoise d’initiative pétrolière (SOQUIP)


Où est passée la SOQUIP, cette société d’État créée en 1969 dans la foulée du « Maîtres chez nous » ? La mission de la SOQUIP était de prendre le leadership de l’exploration des hydrocarbures cachés dans le sous-sol québécois. Ne devrait-elle pas, aujourd’hui, jouer un rôle déterminant dans les graves décisions concernant l’exploitation de cette ressource, dont le gaz de schiste ? Sûrement, mais ne la cherchez pas, elle a disparu. Cela s’est passé sous le gouvernement Bouchard et voici comment.
La SOQUIP a été créée par Daniel Johnson père et mise en vigueur par Jean-Jacques Bertrand, son éphémère successeur. Ces deux premiers ministres avaient pris le relais de ce formidable mouvement de réappropriation de nos ressources et de prise en main de notre destin. Un mouvement enclenché par René Lévesque et Jean Lesage avec la nationalisation de l’hydroélectricité, en 1963, puis la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), en 1965.
On croyait alors que si notre sous-sol recelait des hydrocarbures, cette ressource énergétique devait servir, tout comme l’hydroélectricité, au progrès de toute la nation, plutôt qu’à l’enrichissement d’une poignée de compagnies privées. C’est ainsi que peu de temps après sa création la SOQUIP rachète les droits d’exploration que détient la multinationale Shell dans les basses terres du Saint-Laurent et le contrefort des Appalaches. Les permis d’exploration que possédait déjà Hydro-Québec sont aussi transférés à la SOQUIP.
SOQUIP, une entreprise gazière d’envergure nationale
Dans la première décennie de son existence, la SOQUIP réalise des études géophysiques, constitue une importante banque de données et accumule de l’expertise. En 1980, le premier gouvernement du Parti québécois élargit sa mission initiale pour lui permettre d’investir, non seulement dans l’exploration et la prospection, mais aussi dans la production, la distribution et la commercialisation d’hydrocarbures.

Lisez la suite, ça vaut la peine... :  clic

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Aussi à lire :

Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste 

Textes choisis
portant sur différents aspects de la problématique :
aspects biophysiques, technologiques, sanitaires,
politiques, économiques, légaux et sociaux
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Et derrière ces manœuvres pour mettre la main sur les ressources naturelles du Québec se profilent certains grands intérêts, qui ne sont pas ceux du Québec, dont le contrôle de l'information est une activité majeure : voir CLIC et CLIC.


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La Francophonie, de Charles de Gaulle à Paul Desmarais

Dans L'Encyclopédie de la Francophonie

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« Une population dont le territoire est planifié par d'autres,
  aménagé par d'autres, géré par d'autres, exproprié par d'autres,
  dans un but et une perspective établis par d'autres
  et au profit des autres, est réduit à l'insignifiance. »
René LÉVESQUE, ancien Premier Ministre du Québec


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Parlant de contrôle de l'information, il faut voir
ce document remarquable :



Claude Boulay, ing.
Le récit de longues années de blocage
de toute critique articulée
par le quotidien La Presse de l'empire Desmarais.


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LE DEVOIR  -  1910-2010
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DEMAIN – Hymne au Québec
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« Ce qui nous laisse petits, c'est la peur de devenir grands »
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« Quand on considère cependant ce que nous pourrions être
avec un peu de fierté et de courage,
il est triste de voir un peuple se contenter d’un destin médiocre
et s’avachir dans la mollesse, l’indifférence et la dépendance.
Remarquez, encore faut-il qu’il se sente comme peuple :
s’il se voit comme un appendice régional du peuple canadien,
la question ne se pose même pas. »
Joseph FACAL, http://www.josephfacal.org/la-longue-marche/#comments

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mardi 1 mars 2011

LE FRANÇAIS DÉFENDU... PAR UN ANGLAIS



Un récit à lire par tous, particulièrement par les adeptes du « tout-anglais ».


No 238, p. 13-16, janvier 2011

LE FRANÇAIS DÉFENDU... PAR UN ANGLAIS

Donald Lillistone

Nous étions quatre chefs d’établissement – un Allemand, un Espagnol, une Finlandaise, et moi, un Anglais. On nous avait invités à Paris pour intervenir dans une conférence sur les divers systèmes éducatifs de l’Europe.

Nous nous connaissions déjà parce que c’était la deuxième année consécutive qu’on nous avait invités, et nous bavardions ensemble avant l’ouverture de la conférence qui allait se dérouler dans un grand lycée parisien. Le proviseur, fort courtois, est venu nous souhaiter la bienvenue dans son établissement. Et il a exprimé sa surprise de nous avoir entendus parler français. Il aurait trouvé naturel, a-t-il ajouté, que nous parlions anglais.

Cette remarque nous a surpris à notre tour. Nous étions en France. On nous avait invités précisément parce que nous parlons français, le français étant l’unique langue de travail de la conférence. Et pourtant, notre collègue français s’attendait à ce que nous nous parlions en anglais !

Cette petite anecdote est d’autant plus remarquable que c’était la deuxième année de suite qu’un proviseur nous disait la même chose. Autre lycée. Autre proviseur, mais la même attitude. Attitude qui révèle la soumission inquiétante de certains Français devant le « tout-anglais ».

Si certains jeunes chanteurs français écrivent maintenant leurs paroles en anglais, c’est leur affaire à eux, et d’ailleurs, en général, on ne fait pas attention aux paroles de la plupart des chansons populaires, donc peu importe la langue utilisée.

On peut même lire sans broncher l’avis d’une journaliste comme Véronique Mortaigne qui, dans un article du Monde, cherche à nous faire croire que, dans un marché planétaire, « le français occupe un rang équivalant à celui du dialecte papou ». Après tout, il y a des journalistes qui écrivent n’importe quoi !

Mais que deux proviseurs – deux représentants de l’État dont l’article 2 de la Constitution précise que « le français est la langue de la République » – estiment si peu leur langue maternelle qu’ils s’attendent à ce que tout le monde choisisse de parler anglais même quand on est à Paris et qu’on parle français, cela est une tout autre histoire.

Il pourrait en surprendre plus d’un qu’un Anglais cherche non seulement à défendre, mais à promouvoir activement la langue française, mais je suis sincèrement reconnaissant de l’enrichissement culturel et intellectuel que la langue française m’a apporté. Étant éducateur, je veux que tout le monde ait l’occasion de bénéficier du même enrichissement.

C’est plutôt que le modèle dominant qui s’est progressivement mis en place à la suite de la Seconde Guerre mondiale et qui consiste à faire du recours à une lingua franca universelle la panacée ultime ne peut être finalement qu’Être contre le « tout-anglais », ce n’est pas forcément être contre l’anglais, bien au contraire.un appauvrissement culturel.

La Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle adoptée le 2 novembre 2001 affirme qu’il ne saurait y avoir de diversité culturelle sans diversité linguistique, affirmation qui est d’une évidence frappante pour quiconque connaît à fond une langue étrangère.

Une culture est indissociable de la langue dans laquelle cette culture est exprimée. Si une langue est d’abord un outil de communication permettant à des interlocuteurs de se comprendre, les fonctions d’une langue ne se limitent pas à ce seul aspect pratique. La relation entre langue et pensée est fondamentale, et on ne pense pas de la même manière dans toutes les langues.

Voilà pourquoi le « tout-anglais » est un « nivellement par le bas » culturel. Un étranger qui visite la France sans parler français et qui cherche à s’y faire comprendre en anglais ne bénéficie pas d’une expérience authentiquement française. Sa visite est forcément limitée à une superficialité touristique.

Pourtant, je connais un principal de collège français qui est très fier d’un échange qu’il a établi avec un établissement scolaire en Pologne. Les élèves communiquent en anglais et, apparemment, trouvent plus facile de se parler entre eux en anglais qu’avec des Anglais ! Le résultat est que les jeunes Polonais n’ont pas l’occasion de connaître réellement la culture française, tout comme les jeunes Français ne connaissent pas réellement la Pologne. Et, en ce qui concerne leur développement linguistique, ils n’utilisent en général qu’une forme appauvrie de l’anglais, c’est-à-dire une forme dénuée de tout contexte culturel authentique et donc qu’un Anglais aurait du mal à reconnaître comme sa langue maternelle. L’échange est un nivellement par le bas à deux niveaux – culturel et linguistique.

Michaël Oustinoff, Krzystof Pomian et d’autres spécialistes de la linguistique ont déjà affirmé que le « tout-anglais » n’est ni inévitable ni désirable, et il est peut-être temps qu’un Anglais y ajoute sa voix, et dans une autre langue que l’anglais.

Le plurilinguisme, soutenu par l’Union européenne, offre le meilleur remède. Le but de former des Européens cultivés qui parlent français en France, anglais en Angleterre et allemand en Allemagne présente une vision de l’avenir qui est nettement plus riche que l’homogénéité morne, fade et appauvrie offerte par la promotion d’une lingua franca.

Mais comment réagir devant la marée montante de ce que l’historien Niall Ferguson a appelé
l’« anglobalisation » ? Et comment combattre l’attitude des Français envers leur langue si bien décrite par le feu et tant regretté Maurice Druon, qui avait déclaré : « Les Français ne respectent plus leur langue parce qu’ils ne sont plus fiers d’eux-mêmes ni de leur pays. Ils ne s’aiment plus, et, ne s’aimant plus, ils n’aiment plus ce qui était l’outil de leur gloire » ?

Tout passe par l’éducation. C’est le rôle des éducateurs de rendre les jeunes plus ouverts au monde. Voulons-nous les rendre plus ouverts à un monde où tout est partout pareil, ou voulons-nous les préparer pour bénéficier de la richesse de la diversité culturelle qui dépend entièrement de la richesse de la diversité linguistique ? Un roman de Jeanette Winterson, qui a connu un certain succès en Angleterre dans les années 1980, s’appelle Les oranges ne sont pas les seuls fruits. On ferait bien d’ajouter « et l’anglais n’est pas la seule langue ».

Tout en reconnaissant l’importance « hypercentrale » actuelle de l’anglais, c’est aux éducateurs de promouvoir l’apprentissage d’autres langues pour que les élèves aient l’occasion d’apprendre au moins deux langues étrangères. C’est ainsi que l’on pourra combattre les effets les plus nocifs de l’homogénéité de la culture dite populaire.

Et, qui sait ? Si l’on arrive à rendre les jeunes Français plus ouverts à d’autres cultures au pluriel, peut-être finiront-ils par mieux apprécier la langue et la culture françaises et par se rendre compte qu’ils sont héritiers d’une des cultures les plus riches et les plus raffinées du monde, dont ils peuvent être légitimement fiers.
Donald Lillistone

* Donald Lillistone est proviseur d’un lycée à Middlesbrough (Angleterre).





 
En termes de…*

Contrairement à ce que l’on peut régulièrement lire, dans la locution en termes de, le mot terme est toujours au pluriel, même lorsqu’il est suivi d’un complément au singulier : « en termes de médecine », c’est-àdire dans le vocabulaire de (selon les termes du vocabulaire de) la médecine : « On appelle, en termes d’atelier, croquer une tête, en prendre une esquisse, dit Mistigris d’un air insinuant ».1

Depuis une dizaine d’années, cette expression est abusivement employée dans le sens d’« en ce qui a trait à » : « en termes de financement », « année noire en termes de recrutement », « en termes d’efficacité », « comportement prudent en termes d’achats de biens d’équipement ».

Ce sens, qui n’est pas attesté dans les dictionnaires de langue générale, est critiqué par certains auteurs. Le Bon Usage 2 le note comme n’appartenant pas « au français commun ou régulier ». C’est pourquoi il est recommandé de préférer des expressions plus justes et de choisir selon le contexte en matière de, en ce qui concerne, dans le domaine de, au chapitre de, du point de vue, en fait de...

* Lettre interne du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), octobre 2009.
1. Un début dans la vie, de Balzac, 1842.
2. Le Bon Usage, de Maurice Grevisse et André Goosse, 2007.

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N'est-ce pas là un bel exemple d'aliénation culturelle, pour ne pas dire de bêtise, surtout de la part de gens instruits ? Une bonne façon de se faire mépriser en tout cas !

N'en est-il pas de même pour nous Québécois ?

Sur ce problème, je vous invite à lire le texte suivant qui traite de notre situation particulière :


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Source : 
« Weisheits-sprüche und Witzreden »
aus Johann Georg Hamann's und Immanuel Kant

(Mots de sagesse et plaisanteries)
Source : clic

Werdet nicht der Menschen Knecht!
Laßt Euer Recht nicht ungeahndet
von anderen mit Füßen treten!
Wer sich unter seinesgleichen zum Wurm macht,
da ihn doch Gott zum Menschen schuf,
muß sich nicht wundern,
wenn man ihn nachher als Wurm behandelt
und unter die Füße tritt.

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« La haine qu'on se porte à soi-même
 est probablement celle entre toutes
    pour laquelle il n'est pas de pardon. »
 
Georges BERNANOS, écrivain français (1888-1948)
Extrait de « Monsieur Ouine »

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