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dimanche 24 août 2008

Les fruits de l'apartheid

Le CHUM et le Québec français
ou
Les dindons de la farce –

Voici un sujet d'une actualité scandaleuse qui témoigne de l’incurie et d'une lâcheté remarquable de la part de nos administrateurs de tout poil et de nos « élites » démissionnaires...

« Haussements d’épaules dans les cocktails, sourires embarrassés et blagues plates pour mieux faire passer l’autodénigrement, il faut bien s’installer dans la médiocrité et le plus tôt sera le mieux. »

Encore une fois, les Québécois vont se contenter de payer pour des décisions désastreuses de politiciens et administrateurs sans colonne vertébrale ni sens de la nation.

Dans un article de La Presse du 29 mars 2006, Denis Lessard écrivait :

« Devant l’explosion des coûts de construction du CHUM et du CUSM, trois Québécois sur quatre sont en faveur d’une fusion des deux hôpitaux universitaires.

C’est le message, sans équivoque, capté par la dernière enquête de CROP pour La Presse. La marge d’erreur de ce coup de sonde réalisé auprès de 1000 personnes, du 16 au 26 mars, est de trois points de pourcentage.

Ainsi, quand on leur rappelle que les deux projets vont dépasser les prévisions " de plusieurs centaines de millions ", pas moins de 76 % des répondants soutiennent être favorables à la construction d’un seul hôpital, " bilingue, qui relèverait des deux universités, Montréal et McGill ".

Pas moins de 40 % des gens se disent " très favorables " à cette avenue et 36 % se disent " plutôt favorables ". Inversement, deux blocs de 10 % se disent très et plutôt défavorables au regroupement.

Le scénario de l’hôpital unique remporte, tout aussi clairement, l’adhésion des Montréalais, qui à 73 % favorisent désormais cette option, alors que 22 % s’y opposent. À Québec, on est à 85 % en faveur d’un hôpital unique. Partout ailleurs en province, l’appui demeure dominant, à 76 %.

Les francophones n’ont pas peur d’un hôpital " bilingue ". Pas moins de 77 % des francophones privilégient le scénario d’un hôpital unique, et 18 % le désapprouvent. Chez les anglophones, on retrouve davantage d’adversaires à l’idée d’un regroupement, soit 28 %. Mais pas moins de 65 % des répondants de cette communauté privilégient le site unique. »

Cette photo de l’électorat tombe au moment où le gouvernement Charest s’apprête à lever le voile sur un dépassement prévu de plus de 1 milliard pour ces deux chantiers qui devaient totaliser 2,2 milliards, selon les prévisions de l’an dernier.
(…) Source : clic.

Pour bien comprendre le sens de l'éditorial de Robert Laplante ci-dessous, « L'obscénité et le financement de l'apartheid », il faut être bien au courant de la triste affaire CHUM-CUSM (lire le dossier CHUM de Vigile) et avoir lu l'article publié dans Le Devoir du 20 août (voir clic, suit).

Cent millions pour le CUSM

Jacinthe Tremblay
Le Devoir - Édition du mercredi 20 août 2008

La FCI alloue au centre hospitalier sa plus importante subvention jamais accordée

La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) annonce ce matin qu'elle contribuera pour 100 millions de dollars moins quelques poussières à la construction et à l'aménagement des nouvelles installations de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), a appris le Devoir. Il s'agit de la plus importante subvention de recherche jamais accordée par l'organisme fédéral.

Les détails entourant la subvention elle-même et son utilisation seront dévoilés lors d'une conférence de presse réunissant Suzanne Corbeil, vice-présidente, relations extérieures et communications, de la Fondation canadienne pour l'innovation, plusieurs représentants de l'université McGill et du CUSM, dont son directeur, le Dr Arthur Porter, ainsi que le Dr Vassilios Papadopoulos, directeur de l'Institut de recherche du CUSM. Cet établissement accueille plus de 600 chercheurs et 1000 étudiants de niveau postdoctoral et des cycles supérieurs. Ses axes de recherche sont notamment le cancer, l'endocrinologie, la reproduction humaine, la génétique médicale et les troubles musculo-squelettiques.

Le Devoir avait, dans son édition du 27 juin, fait part de la décision du conseil d'administration de la FCI, adoptée 10 jours plus tôt, d'acquiescer à la demande de financement destinée à ces infrastructures du CUSM. La somme alors évoquée était de 50 millions. Lors de la même séance, les administrateurs de la FCI avaient refusé une demande du même type formulée par le Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Dans son site Internet, la FCI précise que ses critères pour allouer de telles subventions reposent sur la qualité de la recherche, la nécessité de nouvelles infrastructures et les bénéfices potentiels pour les Canadiens. Les sources consultées par Le Devoir en juin dernier avaient de plus indiqué que, dans cette ronde de distribution, les experts chargés d'examiner les dossiers avaient en plus pris en compte «la probabilité que la construction des installations débute dans les 18 mois suivant l'annonce officielle de la décision de la FCI».

Un mois

Les nouvelles installations de l'Institut de recherche verront le jour dans le cadre du redéploiement du CUSM sur le campus Glen, un projet réalisé en partenariat public-privé. Selon l'échéancier disponible dans le site Internet de Partenariats public-privé Québec (PPPQ), l'appel de propositions pour la concrétisation de l'ensemble du CUSM, aussi désigné comme cahier de charge détaillé, devrait être présenté «à l'été 2008» aux deux consortiums qui se sont qualifiés pour réaliser le projet. Il reste donc un mois à PPPQ et au CUSM pour respecter l'échéancier annoncé afin de compléter la rédaction du document d'appel de propositions.

En théorie, le projet de Centre de recherche du CHUM est plus avancé, puisque Partenariats public-privé Québec a déjà complété et remis aux soumissionnaires le contenu de l'appel de propositions, le 29 mai dernier. Le refus de la FCI de financer le projet n'a d'aucune façon compromis ni stoppé le processus. Dans un communiqué émis à la fin de juin, le CHUM a fait part de sa déception tout en indiquant que le projet irait de l'avant, comme prévu.

En entrevue au Devoir en juillet, Yves Bolduc, ministre de la Santé et des Services sociaux, a confirmé l'intention de Québec de tout mettre en oeuvre afin qu'un centre de recherche en santé francophone voie le jour, malgré ce qui pourrait devenir un dépassement de coût substantiel pour Québec si la FCI persistait à ne pas décaisser les 112 millions attendus. «Le fédéral s'était déjà engagé à aller de l'avant et j'ai parlé avec eux depuis ma nomination. Nous allons trouver une solution», a-t-il alors déclaré. Il avait ajouté que «des montants de cette hauteur, sans être des "peanuts", ne sont jamais impossibles à trouver pour des gouvernements quand il s'agit de projets de cette importance.»

En fin de journée, hier, l'état du dossier CHUM-FCI n'avait pas bougé depuis ces déclarations. «Nous entendons présenter une nouvelle demande lors de la prochaine ronde de subventions de la FCI», a expliqué Chantal Huot, porte-parole du CHUM.

L'annonce de ce matin, 21 août, dans Le Devoir, fait déborder le vase...

Résultat de tout ce cafouillage... CHUM : ZÉRO

Remarquons que le rapport de 100 millions sur zéro c’est l’INFINI…

Dès le départ, il ne fallait créer qu'UN SEUL centre de recherche médical universitaire, mais nos politiciens de deux sous ont cédé à la pression des groupes de pression anglophones.

Or, la décision invraisemblable de créer DEUX centre indépendants en accordant 50% du budget à la minorité anglo-canadienne, qui compte pour 9% de la population du Québec, a été soutenue par le précédent gouvernement du Parti Québécois (avant 2003), on peut comprendre le silence honteux de ce dernier sur la question…


Le CUSM recevra 250 millions
- Aux 100 millions du Fonds canadien pour l'innovation (FCI)
s'ajoutent 150 millions de Québec et de mécènes

Le Devoir - Édition du jeudi 21 août 2008

Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule dans l'univers du Centre université McGill et de son Institut de recherche. Le gouvernement du Québec, pour 100 millions de dollars, et des mécènes, pour 50 millions de dollars, ajouteront leur contribution à celle, de 100 millions, du Fonds canadien pour l'innovation (FCI), ont confirmé hier ses dirigeants.

Devant de nombreux chercheurs, enseignants et médecins ravis réunis dans le hall des infirmières de l'hôpital Royal Victoria, le Dr Arthur T. Porter, directeur général et chef de la direction du CUSM, a expliqué la portée de la contribution de l'organisme fédéral. «Grâce à la FCI, notre plan visant à réunir nos chercheurs aux campus hospitaliers Glen et de la Montagne afin de faire le pont entre la recherche biomédicale et la médecine clinique est assuré», a-t-il résumé.

(…) Suite à clic.


20 août 2008

Le numéro de septembre 2008 de L’Action nationale sera disponible le 4 septembre.

L’Action nationale — Septembre 2008
Éditorial

L’obscénité et le financement de l’apartheid

Robert Laplante
20-08-2008

Le dossier du CHUM n’en finit pas de s’alourdir sans que rien ne parvienne à troubler le silence assourdissant qui le recouvre de toutes les censures. Plombé par le dogmatisme des PPP, lesté par les jeux de coulisses et l’opacité de gouvernance, le projet du CHUM a d’ores et déjà basculé dans l’ordre du scandale. Nous avons appris en plein mois de juillet que les coûts de construction du centre de recherche étaient passés de 280 millions à 320 millions de dollars, que le nouveau ministre s’offrait la tête du directeur général, que la Fondation canadienne pour l’innovation avait rejeté la demande de financement malgré que le Fonds de recherche en santé du Québec ait qualifié d’exceptionnel le dossier du programme de recherche. À cela se rajoutaient les récriminations des architectes et ingénieurs qui veulent récupérer des honoraires pendant que les hypothèses de report d’échéancier nourrissent les paris les plus cyniques. Mais personne ne siffle la fin de la récréation, personne ne demande que lumière soit faite en notre Assemblée nationale. Rien n’ébranlera donc jamais les colonnes du temple de la démission collective.

Pendant ce temps, même opacité du côté du CUSM, mais avec de bonnes nouvelles : la Fondation canadienne de l’innovation va lui accorder sa demande de financement. Quelle surprise! Les scientifiques du CHUM en sont restés pantois, incapables de s’expliquer l’écart d’appréciation entre la FCI et le FRSQ. Dans les médias la chose a été présentée comme un si mple fait administratif. Canada knows best! Toronto a fait son choix. La condescendance d’un côté, la résignation de l’autre, ainsi en va-t-il de la logique du consentement à l’auto-mutilation. La médecine francophone et ses institutions se laissent amputer sans mot dire. Et pourtant la Fondation canadienne de l’innovation, ce n’est rien d’autre qu’un bidule pour contourner les choix démocratiques du Québec, un instrument d’aliénation, une patente concoctée pour nourrir l’establishment canadian avec des fonds publics sans reddition de compte pour ce qu’une petite élite cooptée décide de faire avec nos impôts. Un projet majeur pour le devenir de la médecine québécoise est déstabilisé par un conseil étranger et personne ne pose la question de la légitimité de la Fondation? Too bad… Et pu is, après tout ce n’est pas si grave, on a déjà connu de plus grosses pertes, rien ne sert de s’alarmer, on finira bien par trouver un moyen de moyenner.

Il y a dans le dossier du CHUM un fatalisme malsain qui tient essentiellement de la conduite hystérique dictée par une censure fondatrice : il n’y a pas de place pour deux centres hospitaliers universitaires de cette envergure à Montréal et rien ne justifie le dédoublement, sinon le refus de poser le dossier dans sa dimension essentielle, la dimension nationale. Le partage des fonds publics à 50-50 [*] entre les projets de McGill et de l’Université de Montréal est une injustice rhodésienne. Le Québec n’a pas les moyens de se payer un tel attelage. Il ne devrait y avoir qu’un seul centre. Nous finançons un apartheid sophistiqué. Rien ne justifie une telle allocation des ressources, une telle surpondération du financement de l’institution anglaise. C’est lui conférer un avantage indu. Il n’y a deux projets que pour perpétuer le développement séparé, pour conforter la minorité dans ses privilèges et lui éviter de se repenser dans le développement national. Il n’y en a deux que pour laisser McGill en marge et garder les institutions anglophones satellites dans un refus d’intégration. L’argent englouti pour financer deux bureaucraties et des tonnes de béton ne servira pas au développement de la recherche, il ne servira pas à revitaliser un système en voie d’implosion. Il servira d’abord à tenir le CHUM dans l’indigence, à le condamner à mal servir la majorité et à refuser de faire de la médecine francophone le centre de gravité de notre système de santé.

[*] La minorité anglo-canadienne au Québec compte pour environ 9% de la population...

Les chiffres ne servent à rien ici : l’Université de Montréal forme plus de médecins qui resteront et pratiqueront au Québec, la démographie ne justifie pas le dédoublement des services pédiatriques, le déséquilibre linguistique qui sera accentué par une telle hypertrophie des institutions anglophones, les tableaux, les graphiques, les tendances, rien n’y fait. Toucher au CUSM, c’est se livrer à quelque chose d’obscène : reconfigurer les institutions en fonction d’une mission nationale charpentée sur le fait français majoritaire, ce serait affirmer une gouverne nationale. La « province » s’y refuse.

En tout cas, une très large part de son élite économique et politique est prête à tout bazarder pour continuer de cacher ce sein qu’on ne saurait voir. Les dépassements de coûts, les retards d’exécution, les conflits administratifs, le gaspillage des dédoublements, rien de tout cela ne suffit à ébranler le refus de voir la seule conclusion qui s’impose. Il n’y aura pas deux centres, les milliards s’envolent trop rapidement pour qu’on puisse y croire. Il finira par n’y en avoir qu’un seul, bien enrobé dans le compromis bilingue et la suprématie accordée à McGill qui aura le fair play de concéder des prix de consolation pour la médecine francophone vouée aux affaires locales. Il y a les institutions de classe mondiale et les autres, you know. Haussements d’épaules dans les cocktails, sourires embarrassés et blagues plates pour mieux faire passer l’autodénigrement, il faut bien s’installer dans la médiocrité et le plus tôt sera le mieux.

C’est la démission, le refus d’arrêter tout ce cirque avant que l’irrémédiable n’arrive. Il faudrait reprendre tout ça. Assumer les pertes encourues et redresser les choses nous coûterait malgré tout moins cher. Mais c’est trop exiger, c’est déjà trop dire. Les choses ne se passent pas ainsi dans un régime de renoncement à soi-même. Le consensus m ou de l’élite servile ou velléitaire se fait plutôt sur une rengaine pour tenter de se convaincre qu’à défaut de servir un destin national, le projet aura au moins généré des occasions d’affaires, quitte à les payer du prix de formidables embardées administratives et financières. Rien n’est trop cher pour préserver la pudeur. Notre existence nationale est vraiment devenue obscène. --

http://www.action-nationale.qc.ca/
revue@action-nationale.qc.ca

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Une autre illustration de la turpitude qui nous détruit...

Surveillez vos dentiers !

Michel Rioux
L’Aut’Journal - www.lautjournal.info
lundi 18 août 2008


Au rythme où Ottawa et ses thuriféraires pratiquent le nation building canadian en faisant main basse sur notre passé, en trafiquant notre histoire pour qu’elle serve leurs intérêts, en jonglant avec les dates et les lieux pour leur faire dire le contraire de ce qui fut et de ce qui est, je conseillerais à celles et à ceux qui ont un dentier de se méfier et d’être prudents : les choses étant ce qu’elles sont, rien ne garantit qu’ils ne partiront pas avec, s’ils pensent que cela pourrait leur être utile !

Les récentes festivités soulignant le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec ont été le théâtre de ce qui a ressemblé par moments à un immense opéra bouffe, mieux encore à une farce, ces petites comédies toutes simples qu’on jouait sur les parvis des cathédrales et des églises au Moyen Âge.
(...)
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